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Bénédicte Weiss
Correspondante à Strasbourg

Cancer : Priothera veut limiter les risques des greffes de cellules souches.

Une sorte de « feu rouge » qui empêche les lymphocytes T, cellules issues de la greffe de cellules souches dans la moelle osseuse, de sortir du système immunitaire et donc de provoquer la maladie du greffon contre l’hôte (une complication courante chez les patients greffés atteints d’un cancer du sang ou de la moelle) tel est le rôle clé du Mocravimod. Soit un candidat médicament immunomodulateur en étude clinique de phase III que développe la biotech Priothera, à Saint-Louis, dans le Haut-Rhin.

Il a dit : « Nous observons déjà 30% de baisse de récidive à mi-chemin de l’essai clinique »
Florent Gros
PDG et cofondateur de Priothera.

Il a dit : « Nous observons déjà 30% de baisse de récidive à mi-chemin de l’essai clinique »
Florent Gros, PDG et cofondateur de Priothera.

Cet essai inclut des patients souffrant d’une leucémie myéloïde aiguë (LMA), le type de leucémie le plus fréquent chez l’adulte. Le taux de survie à 3 ans de cette maladie orpheline, qui provoque 50 000 décès par an dans le monde, avoisine 25%, selon le cabinet de conseil Simon-Kucher.

Les patients recrutés ont bénéficié d’une greffe de cellules souches pour reconstituer leur système immunitaire et attaquer les cellules leucémiques. Mais ce traitement de référence n’est pas sans risque, comptant parmi ses effets secondaires sévères, la maladie du greffon contre l’hôte (GVHD).

Pour l’instant la GVHD est contrecarrée par des immunosuppresseurs, mais ils sont susceptibles d’entraver l’effet de la greffe sur les cellules leucémiques et d’augmenter le risque de récidive. Pour pallier ces inconvénients, le Mocravimod vise à rééquilibrer le système immunitaire en y séquestrant les lymphocytes pour qu’ils n’attaquent pas les tissus de l’hôte, tout en préservant leur efficacité contre la leucémie. « Nous observons déjà 30% de baisse de récidive à mi-chemin de l’essai clinique » indique Florent Gros PDG et cofondateur de Priothera. L’objectif est de réduire de 20% les récidives et la mortalité pour que cet essai soit jugé concluant.

Lever 40 millions d’euros

Cette étude clinique sera réalisée sur 250 patients dans 12 pays dont les États-Unis, le Brésil, la France et le Japon avec le spécialiste des ingrédients pharmaceutiques, Euroapi. Priothera vise l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché à la fin 2027. Pour en assurer le financement, une levée de fonds de 40 millions d’euros est en cours auprès d’investisseurs déjà présents au capital, Fountain Healthcare Partners, Abrdn et EarlyBird Venture Capital, ainsi que de nouveaux entrants européens et américains.

Pour sa levée de série A, la biotech avait levé 33 millions en 2020. Un financement complémentaire est en cours de demande auprès de Bpifrance et du Conseil européen de l’innovation.

Hémopathie maligne et cancer du sang rare

Ces fonds serviront aussi à réaliser un essai de phase I-II associant le mocravimod à une thérapie CAR-T, qui consiste à la réinjection de cellules immunitaires du patient modifiées génétiquement en laboratoire.

L’équipe de Priothera, qui compte une vingtaine de personnes estime que son candidat médicament pourrait aussi bénéficier au patient atteint d’homéopathie maligne et de cancers du sang rare ou réfractaire. Le marché mondial est estimé à un milliard d’euros par an pour la seule elle LMA. L’entreprise a été créé en 2020 pour poursuivre le développement du mocravimod initié par Novartis avec un partenaire japonais Kyorin Pharmaceutical. Depuis son entrée dans le giron de Priothera le candidat médicament a déjà nécessité à environ 60 millions de financements dont 20 millions prêtés entre 2022 et 2023 par BPI France et la Banque européenne d’investissement.